Saint-Maur des Fossés – 1er septembre 2023
Mon Général,
Vous n’auriez pas souhaité pour cette cérémonie de discours, encore moins de longs discours, ni une hagiographie ou un panégyrique qui auraient contrarié votre humilité et votre modestie naturelle, aussi respectant votre intention, je serai bref.
Cependant, je suis certain que tous ceux qui vous ont connu dans l’armée ou ailleurs partageront mon propos.
Tout au long de votre brillante carrière, vous avez porté haut les principes et les fondements de l’état militaire. Votre passion raisonnée pour l’institution et votre attachement à l’armée, et notamment à l’artillerie, arme qui vous doit beaucoup pour sa promotion, ne se sont jamais démentis, même après le terme de vos longues années sous les armes, que ce soit au sein du cercle G2S que vous aviez fondé en 1996 ou de l’association nationale des officiers de carrière en retraite. Jusqu’au bout, vous aurez mené le combat pour éveiller les consciences, surtout celles de nos élites politiques et publiques, sur la défense armée de la Nation et la protection de ses populations, dans un monde que vous saviez sans cesse plus menaçant. Vos analyses et vos exhortations, toujours argumentées en termes réfléchis et mesurés, sur l’évolution de la société civile et celle de notre défense étaient en quelque sorte prémonitoires. Vous suiviez avec une attention particulière et critique les nombreuses réformes qu’ont connues nos armées depuis plus de 30 ans, comme la suspension de service militaire auquel vous étiez fondamentalement attaché. L’actualité nationale et mondiale vous donne aujourd’hui raison. Homme de débat, vos solides convictions portées par une pensée cartésienne vous rendaient étranger aux compromissions et aux petits arrangements qui heurtaient votre droiture et votre sens du service voué au bien commun.
Votre vive intelligence, votre clairvoyance et vos profondes qualités humaines ne laissaient personne indifférents, y compris au sein du monde parlementaire et parmi les responsables politiques que vous rencontriez dans vos fonctions, mais aussi auprès de tous vos subordonnés – dont j’ai été comme capitaine, il y a bientôt 46 ans – pour lesquels vous manifestiez une bienveillance constante et que vous suiviez dans leurs parcours avec une sollicitude chaleureuse qui ne se démentait jamais.
Vous étiez un chef, un vrai… tout simplement.
La communauté militaire dont je me fais ici le porte-voix gardera en mémoire le souvenir d’un homme aux qualités exceptionnelles, juste et attentionné. Elle vous assure, Madame, Messieurs, de ses sincères condoléances et de ses prières pour le repos de son âme.
Avec notre immense reconnaissance, à Dieu, mon Général.
Général d’armée (2s) Jean-Marie Faugère